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Un mot sur ma chorégraphie

 

Pour créer une chorégraphie dans le style du XVIIIe siècle, on doit d'abord connaître le vocabulaire des pas décrit dans les différents traités de l'époque. Retrouver l'expression propre au XVIIIe siècle est plus compliqué. Ma première source est la musique. Celle-ci donne le caractère général de l'oeuvre et ses moments les plus précieux. Dans la musique de Jean-Philippe Rameau, par exemple, le geste musical est très clair et structure ma chorégraphie. L'interprétation d'un musicien ou d'un orchestre peut aussi influencer ma chorégraphie. C'est pourquoi je cherche toujours à travailler étroitement avec les musiciens afin de trouver l'expression la plus juste.

 

L’idée de décrire les passions ou les différents caractères de l’homme fut très populaire à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles. Plusieurs peintres, compositeurs et poètes ont utilisé ce sujet. Pour chaque mouvement, on cherchera donc le geste qui serait moins l’expression d’une action précise que l’expression d’un sentiment particulier, ou plutôt du « mouvement de l’âme » pour utiliser une expression souvent employée à l’époque. Tout comme la peinture, la danse développe son langage secret puisé dans ces états d’âme.

 

Dans un document de l’Opéra de Paris intitulé Règle pour bien faire des ballets, on parle beaucoup de cette relation avec la peinture, et du sens caché.

 

« Le Balet a du rapport avec la peinture en ce que l’un et l’autre est une poésie muette. En ce que les personnages muets expriment la pensée de l’Auteur et le sens de l’ouvrage par les habits et les actions. En ce qu’il y doibt avoir un sens caché dans le balet comme dans les tableaux […]

 

On peut comparer les pas et les cabrioles comme les couleurs pour le peintre, lequel fait un mélange de celle-ci pour en varier la composition. Ce mélange est nommé Caprice, qui devenait, au début du XVIIIe siècle, une forme de danse très importante, caractéristique du ballet sérieux. Dans cette forme, le danseur avait la possibilité de modifier la chorégraphie avec ses ornements ses propres ports de bras, des pas soutenus ou précipités, dictés par l’expression recherchée, ou créer, de façon personnelle, l’entière chorégraphie.

 

Deux danseuses ont maîtrisé cette forme : La Prévôt [1680-1741] et la Sallé [1705-1756]. Elles avaient séduit le public avec Les Caractères de la Danse de J. F. Rebel. Cette suite de danses était exécutée sous forme d’un Caprice, tout comme les chorégraphie réalisées par Edith Lalonger sur les Folies Françaises et Ritratto dell’amore de François Couperin (voir la video).

 

Le masque est utilisé comme amplificateur des expressions et réincarne des personnages intemporels.

 

La compagnie Plaisirs des Nations travaille aussi depuis quelques années sur le genre grotesque ou comique du XVIIIe siècle, impliquant la plupart du temps les personnages de la commedia dell’arte.

 

 

 

 

A word about my choreography

(summary)

 

To create a choreography in the style of the beginning of the 18th century I use first the vocabulary of steps described in the treatises from that period. To recreate the style of expression is more difficult. The music is my first source of course! The music gives the general character and points to the most important moments to bring out. In Rameau’s music, the musical gestures are quite clear and inspire the structure of my choreography. To respect the style of performance at the first half of the 18th century, I had to study theater gestures from books and painting of that period. I believe that dancers were influenced by theater conventions. So I tried to blend theater gesture with dancing’s academic arm movements. To express a sentiment, I think about the fact that human sentiments never change from century to century!  Sadness in the 18th century must have had the same body language as it does today; that mean the person is “replie sur lui meme”, if I have to express happiness, the natural way to be is to expansive movements, etc. This is something very simple but universal that I try to keep in mind and it means that I have to be careful of the character and style of the movements.

 

One difficulty that arises when creating a choreography is to be obliged to work with a recording before rehearsing with live musicians (this is because we don’t have the opportunity to work hours and hours together). That means that the choreography is based on a specific interpretation of the music which could be quite different from the interpretation of the musicians that you going to work with.  So I had to review my work after the first meeting because I believe that the dance has to reflect the musical ideas. The conductors and the choreographer have to express the same ideas to make it convincing!  

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